- Il y a des soldats en armes partout, tous les vaisseaux sont réquisitionnés. La mobilisation générale est décrétée.
Saura s'adressait à Ella et Benji, le successeur d'Harus. Bien que les Suriens fussent en état de guerre, les avis des ordres éthique et politique étaient requis.
- Quel espoir avons-nous de les vaincre cette fois ? demanda doucement Benji, par tâtonnement télépathique.
- Nous connaissons mieux leur organisation, mais pour l'instant nous nous contentons de fuir et gagner du temps. Pour les semer, on voyage toute la journée, on change au moins six fois de vaisseau, on s'arrête tous les dix parsecs.
- Certes, reprit Ella, nous ne savons plus nous-mêmes où nous sommes.
- Nous avons repris Alnitak, mais il ne reste que trois cents éléments sur place. Nous avons perdu près de quatre-vingts pour cent de nos effectifs, admit Saura à regret.
- Les premiers blessés arrivent, ce n'est pas beau à voir, soupira Benji.
Saura s'assit lourdement sur un siège invisible et demanda à ses homologues :
- Malheureusement, je me vois dans l'obligation de vous demander votre accord pour réquisitionner tout être vivant dans notre secteur afin de soutenir nos attaques. Nos pertes sont trop importantes.
- N'avez-vous pas suffisamment de chiens sanitaires ? demanda Ella.
- Nous disposons de cent cinquante chiens en tout, dressés à retrouver les blessés. Que voulez-vous que je fasse avec cent cinquante chiens dans la galaxie ?
Benji fut offusqué par la demande.
- Nous n'avons pas le droit d'asservir toute vie croisée sur notre passage. Nous ne sommes pas des Xu.
- Mon ami, soupira Saura avec condescendance, si nous laissons les Xu vaincre, il ne restera rien debout dans cette galaxie. J'ai besoin de votre soutien.
- Nous voilà un peu coincés, râla Benji.
- Vous avez mon soutien politique, accorda Ella.
Saura se tourna vers Benji.
- Prenez votre temps avant de répondre. En attendant, je vous propose de vous rendre avec moi sur le terrain pour faire le point sur les forces en jeu. Nous allons faire ce parcours en quatre étapes. Voici les mots de passe pour toute communication non télépathique : 18 étape A ; 94 étape B ; 19 étape C ; 61 étape D. Cela nous permettra d'identifier émetteurs et récepteurs, sans risque de contact avec un Xu.
Les trois Suriens partirent avec leur garde pour un trajet de vingt-huit parsecs, dans un froid épouvantable. Ils crurent croiser une patrouille Xu, l'ordre fut donné de ne plus émettre aucun bruit, un simple contact télépathique en guise de salut. Les trois sages montèrent à bord du navire où stationnaient de nombreuses troupes ainsi que l'état-major. Ils entendirent des explosions et virent au loin des éclairs déchirer l'espace. On envoya les chiens commencer leur besogne. Une concrétion se déploya en silence dans le vide, dans laquelle se glissèrent de petits hommes hésitants, suivis de Suriens. Du vaisseau, le contingent entendit le canon toute la journée, attendant des heures le dénouement de la bataille. Mouvement retour dans le tuyau, l'état-major exhiba triomphalement un manteau Xu. Le navire reprit sa route. Mots de passe : 1 étape A ; 9 étape B ; 6 étape C ; 0 étape D.
- Voici les quatre étapes avant d'atteindre la ceinture d'astéroïdes. Notre objectif le plus modeste est de défendre notre nouvel habitat. Nous ne serons pas chassés une seconde fois par les Xu.
La face de Saura s'endurcit. Benji y lut de la détermination. Il aurait aimé avoir autant de certitudes que ce Surien mais le doute l'habitait en permanence. Il ignorait en l'occurrence s'ils avaient le droit d'asservir des créatures vivantes, quel que soit leur degré d'évolution. Il soupçonnait que rien ne put légitimer une telle action. Mais il manquait de courage. Pour contrer Saura, il lui aurait fallu manœuvrer en coulisses, convaincre notamment Ella. Mais les Xu avaient commis des atrocités sur Mars et les tracasseries morales de Benji semblaient bien secondaires face au danger. Dans un monde télépathique où il fallait savoir contrôler ses vibrations, le sage dressa un mur abyssal autour de ses perceptions et commença à méditer.
Le 56ème bataillon auquel nous étions rattachés devait avancer. On nous donna un nouveau mot de passe pour toute communication nanomatique. Pour une fois, il ne s'agissait pas de chiffres mais d'une direction « Nord ». Depuis l'infirmerie, nous entendions des atomiseurs et des coups de laser tout près. Le jour précédent, Ferdinand avait eu deux doigts arrachés en voulant lancer un signal aux Suriens. Pendant près de deux heures, nous avions été soumis à un feu très vif, d'environ quatre-vingts coups à la minute. Assourdissant et stressant. Retour à l'infirmerie où nous fûmes levés après seulement deux heures de sommeil, les Xu ayant attaqué à trois parsecs du vaisseau. Il fallait récupérer les blessés. Je commençais à y voir un peu plus clair dans le phénomène Xu. Règle numéro un : observer un silence total. Le bruit les attirait. Ferdinand avait donc collé son médaillon sur sa poitrine à l'aide de vieux bandages. Règle numéro 2 : rien ne pouvait arriver à l'intérieur d'un boyau. Le moment le plus périlleux restait celui de la jonction entre deux artères. Règle numéro 3 : un Xu était annoncé par un signal lumineux, une sorte d'éclair. Mais il nous semblait qu'il s'agissait d'une simple apparition, d'un mirage. Cependant, ce mirage comportait un paradoxe, il pouvait agir sur la réalité. Cette idée nous était venue en remarquant une anomalie dans notre vision des Xu, comme si leur image sautait. Toutes ces informations ne nous sauveraient pas la vie mais nous étions désireux de mettre un peu d'ordre dans ce chaos. Que n'aurions-nous pas donné pour retourner dans notre laboratoire et retrouver l'ignorance dans laquelle nous avions été maintenus par Eli puis Harus !
Saura était assez fier de son dernier mot de passe : Nord. Il s'agissait d'un des rares mots terriens qu'il connaissait, désignant l'une des quatre directions utilisées par les humains. Dire que les Suriens en manipulaient près d'une cinquantaine ! Les trois Sages le mémorisèrent automatiquement. Surtout ne pas émettre de sons. L'aide internationale avait été sollicitée, ces Xu étaient la plaie de l'univers. Une fois la réunion virtuelle planifiée, Ella reçut un contact. La signature d'Harus était très nette. Comment était-ce possible ? Le pauvre Surien était mort, brutalement assassiné par les Xu. Un signal fut envoyé en retour. À l'autre bout de la connexion, Ferdinand fut pris de convulsions, son cerveau pratiquement broyé par une main invisible qui le palpait. Il cria. Ella ne comprenait pas. Comment un humain pouvait-il émettre la signature d'Harus ? Il en parla à Benji et Saura qui arrêtèrent leur activité. Il se produisait quelque chose de curieux.
- Il faut à tout prix me ramener cet humain, exigea Ella.
Saura lui demanda de transmettre sa position. Ella se concentra, contacta de nouveau l'homme et pointa du doigt sa situation sur une carte.
- Tiens, s'étonna Saura. Il est tout près.
- C'est pour cela que je le reçois si bien, confirma Ella. Faites-le amener.
Ella nous reconnut immédiatement et s'en trouva fort contrarié. Le crâne rasé, nous avions maigri depuis notre dernière rencontre. D'un geste, le chef de l'ordre politique nous fit signe de nous asseoir sur le sol.
- Je n'irai pas par quatre chemins, déclara-t-il. Pourquoi émettez-vous la signature d'Harus ? L'usage de faux est sévèrement puni.
Ferdinand profita de leur attention pour clarifier certains malentendus.
- Cher Ella, Harus et moi étions amis, articula distinctement Ferdinand. Son père a connu mon père et mon grand-père. Jamais je ne lui aurais fait de mal.
Saura montra les dents, impatient. Mais Ferdinand ne se laissa pas intimider.
- Harus... comment dire... m'a appelé jusqu'à lui dans sa cité. Je crois que c'était avec ça.
Et il montra le médaillon.
- Oui, en effet, fit Benji. C'est un émetteur. Je retrouve bien le sceau du monde fermé.
Il saisit délicatement le médaillon entre ses mains et dit :
- Il est authentique. Vous permettez ?
D'un geste délicat, il dénoua le dispositif et vint le placer sur la table du conseil qui l'avala. En lieu et place, surgit l'image du Sage, assis sur un trône translucide. Harus semblait las. Il parla en langage surien, et Benji ordonna qu'un traducteur nous fût remis.
J'avais contacté la Terre, curieusement heureux d'entendre la voix de Céline. Elle avait ses défauts mais elle était un peu ma famille.
- Toutes les nuits dans le ciel, expliqua-t-elle, on voit des éclairs qui balaient l'atmosphère. Impossible de nous dégager de notre cachette. Max et Kilian sont revenus bredouilles.
- C'est un peu long à expliquer, recommanda Ferdinand, mais surtout ne sortez pas de votre trou, ou vous finirez en purée.
- Ah bon ? La petite voix de Céline s'était faite encore plus fragile.
Après concertation, certains groupes humains avaient rejoint une alliance intergalactique, motivés par un désir de paix ou de revanche. D'autres, furieux après les Suriens, se liguèrent contre eux et rejoignirent la zone libre. Ferdinand et moi étions déboussolés, affligés par le comportement de nos anciens amis. Notre directeur, écœuré par la guerre, était devenu pacifiste convaincu, tandis qu'au contraire je jurais que la domination du plus fort sur le plus faible n'était pas inexorable. Il fallait résister.
Quelques jours plus tard, nous étions débarqués par les Suriens près du laboratoire, avec plus d'une centaine d'humains. Les Biolus dressèrent dans le maquis des tentes translucides, sous les insultes des rescapés terriens. La rancœur était vive mais les Suriens semblaient l'ignorer ou du moins s'en moquer. Il faut dire aussi qu'ils étaient armés.
Accolades, embrassades, les retrouvailles furent touchantes. Sans demander mon reste, j'entrai dans le réfectoire et descendis à l'abri dans mon bunker. J'étais vivant, en sécurité, loin de tout : de la guerre, l'invasion, l'espace. Je pleurai comme un bébé. Céline, qui m'avait suivi, me porta une tasse de thé et s'assit près de moi, silencieuse, osant à peine me regarder.
Plus tard dans la soirée, un état-major fut improvisé. Il nous fallait discuter de l'avenir de l'humanité. Il y avait encore quinze jours, la plupart d'entre nous ignorions qu'il existait d'autres survivants sur Terre. J'en voulais à Eli de nous avoir maintenus dans cette méconnaissance du monde qui nous entourait. Sous cloche, en quelque sorte. Mais ce temps-là était révolu. Le voile télépathique était levé et la nature nous apparaissait dans sa réalité crue, semblable à une peinture hollandaise avec ses épais nuages bas. J'avais le moral en berne, alors que mes acolytes fêtaient leurs retrouvailles. Céline s'en aperçut, elle se rapprocha de moi et, je ne sais pour quelle raison, je me mis à tout lui déballer. Je me sentais humilié, moins qu'un homme. Elle me prit dans ses bras.
Le laboratoire s'était étoffé de quelques recrues de nationalités diverses. Les Luniens étaient les plus doués pour les langues. Max parlait italien, Maria espagnol, et les deux autres loustics, Artur et Kilian, se débrouillaient en anglais et en allemand. Nos tracas étaient nombreux.
- Nous devons contacter les membres de notre communauté, nous assurer qu'ils sont en vie, déclara le chef d'une tribu anglo-saxonne. Mais nous aurons aussi besoin d'un vaisseau pour aller chercher des volontaires.
- Il faut prendre les armes et s'organiser, insistait le représentant de la péninsule ibérique.
- Quels sont vos moyens de communication ? s'enquit Ferdinand.
- Nous fonctionnons toujours à l'énergie solaire, comme les Anciens. Mais la production est insuffisante pour fonctionner en continu et la plupart des cités économisent l'énergie la nuit.
- Nos batteries nucléaires produisent en continu. Nous pourrons joindre les États-Unis de nuit.
Chasse, pêche et réunions au sommet, les débats duraient, la discorde était profonde. Nous étions en désaccord sur l'objectif de guerre. Certains voulaient combattre les Xu, d'autres les Suriens et les Xu en même temps. Ferdinand prit la parole. D'un ton calme, il exposa son point de vue.
- Nous devons hiérarchiser les urgences. Pour l'instant nos ennemis sont les Xu. Ce sont eux qui mettent à feu et à sang notre planète. De toute façon, les Sauriens ne partiront pas tant que la menace Xu existera. Ils ont des familles, des femmes et des enfants qu'ils cachent dans des terriers.
- Ce n'est pas notre problème, s'égosilla l'Espagnol. Qu'ils s'en aillent ! Ces ordures nous ont traités comme des bêtes !
Au fond, Ferdinand le savait, quelque chose entre les Suriens et nous était cassé. Perso, je les avais jamais aimées ces satanées bestioles. D'instinct, leur supériorité m'avait agacé. Je savais à présent que je ne m'étais pas trompé. Nous étions revenus en Corse depuis trois jours, ma dépression passagère avait cédé la place à un désir violent de vengeance. Je retrouvais mon cynisme, ma méchanceté naturelle. J'allais mieux. Je pris la parole pour la première fois.
- Écoutez, de mon point de vue, il n'est plus question d'héberger des Suriens qui ont essayé de nous domestiquer. Je suis désolé, Ferdinand, mais j'ai du mal à te suivre. C'est viscéral.
Ferdinand se tut un instant, me regardant d'un air las. Il reprit avec fermeté :
- Pas question de nous passer de leur expérience des Xu. Sans les Suriens, nous serons tous exterminés. Même si les Xu ne nous en veulent pas personnellement, il y a des dégâts collatéraux. On l'a bien vu là-haut, nous y avons laissé beaucoup de camarades.
Chacun d'entre nous avait ses supporters, un clivage se dessinait. Cela dura une semaine mais, au bout du compte, je dus bien admettre qu'il avait raison sur un point : on avait d'abord besoin de repousser les Xu. Les Suriens se terraient dans nos sous-sols, ils ne quitteraient pas la Terre tant que la menace serait là. Mais je promis à qui voulut bien l'entendre qu'une fois cette bataille terminée je mettrais moi-même à la porte ces dauphins interstellaires. Suriens ou sauriens, les termes n'étaient pas si éloignés au fond. Je sentis se rallier à moi une grande majorité de nos hommes. Toutefois, si ma détermination était grande, je ne voyais pas trop pour l'instant comment m'y prendre. Chaque chose en son temps.
Les Biolus, comme convenu lors de l'assemblée intergalactique, nous avaient laissé des armes ainsi que des boitiers cracheurs de boyaux. En souvenir peut-être... Nous disposions également, grâce à la découverte des chercheurs du monde fermé, d'un bracelet pouvant détecter un signal Xu et anticiper leur apparition. Officiellement, il s'agissait de réparations. Ils avaient également livré des navettes spatiales dont une sur la Lune et entamé des travaux pour réparer le dôme. Les volontaires avaient rejoint Max, les autres avaient récupéré des vivres pour tenir, le temps de faire reculer les Xu de la constellation d'Orion. Ainsi, des groupements arrivaient tandis que d'autres partaient. Le moindre mouvement, cependant, ameutait les Xu dans de terribles apparitions. Aussi, afin de permettre à plusieurs groupes de quitter le campement pour retrouver les leurs, on projeta une diversion. Ferdinand et moi avions l'expérience de la guerre, nous nous y sommes collés. L'idée nous est alors venue de profiter de cette diversion pour former les puceaux. Un bataillon embarqua dans une navette prêtée par les Suriens, puis se rendit sur les rives du monde fermé de Benji. Ferdinand s'était entendu avec l'ordre éthique qui avait toujours désapprouvé l'esclavage des humains. Le bataillon resté sur la rive tendit un guet-apens aux Xu en faisant du vacarme. Faire venir les Xu permettrait par ailleurs de cartographier leur équipement. Coups sur le métal de la carlingue, le bracelet s'affola, émettant un son strident. Le ciel ne tarda pas à se fissurer. Le Xu avait changé de forme. Il ressemblait à une pieuvre posée sur le corps d'un bouc. La créature tenait au bout de ses tentacules des armes qui furent enregistrées et adressées à Saura. J'encadrais un bataillon de nouvelles recrues dont Max, Kilian et Artur, qui apprirent à se servir des armes suriennes, créant des canaux sans queue ni tête et risquant à plusieurs reprises de se blesser. Au bout de plusieurs heures de combat, Max et Ferdinand s'engouffrèrent dans un boyau. La bataille terminée, Ferdinand me raconta que Max avait erré pendant près d'une heure avant de se perdre. Des camarades avaient vu du sang poisseux couler abondamment de son crâne. Cette sève lui emplissait les yeux, la bouche et les oreilles, quand des gars le virent chanceler. Je partis le chercher.
Aller au contact nous avait permis d'analyser la technologie Xu. J'aurais bien gardé pour moi ces infos mais Ferdinand avait promis de les mutualiser. Nous fîmes donc le point avec les Suriens au cours d'une communication avec le vaisseau-mère. Max nous prêta le matériel du vaisseau impérial et Ferdinand présenta à nos nouveaux alliés divers clichés.
- Voici un lanceur utilisé par les Xu durant l'affrontement.
Saura se rapprocha de l'écran.
- C'est une arme Willis qui doit être rafraichie pour se trouver hors service. Quoi d'autre ?
Ferdinand présenta un nouveau cliché qu'il agrandit.
- Voilà ce que l'on a trouvé dans une tranchée abandonnée.
- C'est une arme de poing redoutable, expliqua le Surien. À une certaine fréquence, elle ne fonctionne plus. Je vous envoie un document à ce sujet. Nous vous ferons également parvenir les armes défensives qui contrent les armes Xu afin de vous protéger ou de riposter, comme, par exemple, ces boucliers ou ces diffracteurs.
Ferdinand avait remarqué les traits tirés du guerrier saurien.
- Tu m'as l'air contrarié, Saura.
- Cette stratégie, si elle maintient un équilibre des forces entre Xu et aliens, ne fera pas reculer l'ennemi. Les Xu cumulent à eux seuls l'ensemble de la technologie fabriquée dans la galaxie.
Je répliquai comme pour me redonner du courage.
- Leur puissance de frappe est colossale mais pas supérieure à celle des alliés.
- Il faudra cependant trouver le moyen d'éradiquer le mal à la source. D'où viennent ces Xu ? Comment les chasser sur leur propre terrain ? Pourquoi font-ils la guerre ?
Je regardais autour de moi, puis l'écran, sans obtenir de réponse, pas même une hypothèse. En ce qui me concernait, je n'étais pas très pressé de répondre à ces questions. Je devenais sournois car, au fond, ces Xu ne s'en prenaient pas à l'homme. S'ils ravageaient la Terre en venant sur notre sol, aucun Xu n'avait directement attaqué un être humain.
Le soir, j'exposai mes idées devant l'assemblée de camarades. Nous étions partagés mais prudents, divisés mais respectueux de l'opinion des autres. Ferdinand prit la parole à son tour, il avait la confiance de tous. Ce petit homme, d'une quarantaine d'années, parlait dans le langage le plus simple. Ses idées étaient claires, jamais embrouillées, contrairement aux miennes. Il ne connaissait ni la colère ni la peur. Je sentais pourtant le vent tourner. Les idées de Ferdinand incarnaient le passé. Aujourd'hui, la rancœur cimentait nos cœurs, l'humiliation était comme du fumier dans la terre, elle renforçait le caractère. Ferdinand l'emporta une dernière fois. Si seulement j'avais réussi à le convaincre plus tôt, rien de tout cela ne serait arrivé.
Car après deux semaines sans combattre, on appela les humains à la rescousse, en tant que médecins d'hygiène. L'enthousiasme fut général sur Terre, on allait leur mettre une rossée. Artur et Kilian crièrent de joie, tandis que je proposai de fêter ça en sablant l'une des dernières bouteilles de Champagne.
- Céline et moi serons dans une infirmerie à l'arrière, précisa Maria. On espère ne jamais vous y voir.
Les deux femmes s'entendaient bien et semblaient plutôt heureuses de s'engager dans l'action.
Max trinqua avec la biologiste puis convint d'un protocole.
- Artur, Kilian et moi serons dans le même régiment, ne t'inquiète pas. Tu garderas le contact à l'aide de ton transmetteur. Nous ferons le point sur nos situations respectives une fois par jour. Promis.
Un énorme et majestueux vaisseau alien vint se poser sur notre île d'où embarqua une armée de Terriens. L'appareil décolla, emmenant à son bord des hommes qui n'avaient jamais volé de leur vie. Max, Artur et Kilian partirent avec leurs amis luniens. Les anciens et les plus jeunes les attendraient sur la Lune où on avait colmaté la cloche de la cité. Ferdinand et moi comptions parmi les combattants mais on nous intégrait dans une section de recherche spéciale. Nous avions élaboré de nombreuses théories sur les Xu avec le sentiment que quelque chose nous échappait. Il y avait par exemple cette histoire de bug dans l'image des Xu au moment de leur apparition. Était-ce une image virtuelle ou le Xu était-il incarné dans une enveloppe biologique ? Il y avait également cette immunité des humains dont on n'osait trop se vanter. Peut-être que les Xu avaient trop à faire au fin fond de la galaxie pour se préoccuper du sort de l'espèce la moins évoluée de l'univers. Nous restions dans le vaisseau-mère tandis que les combattants étaient emmenés vers Betelgeuse, un soleil à la lumière rougeâtre, non loin duquel orbitait une planète convoitée par les Xu. Tout comme Surus et la Terre, cette planète était vivable, offrant une grande diversité biologique. Débarqués sur une plateforme internationale, les Terriens étaient à la fois curieux et apeurés. Ils furent accueillis par un Surien qui leur présenta les peuples dont les Xu avaient pris la forme. L'affreuse bête velue était un Wilis, un être frétillant et facétieux, tandis que la pieuvre à quatre pattes était un Zaulis, reconnu par tous pour son intelligence posée.
Munis d'un traducteur, Ferdinand et moi avions quitté la recherche médicale pour une activité plus bureaucratique, relativement dorée en comparaison de ce qui attendait nos camarades sur le front. Nous nous étions débarrassés de Céline, qui avait été affectée comme infirmière sur un navire nommé Che'la. Celui-ci assurait des allers-retours vers Mars où s'était monté un dispensaire. Nos nouvelles fonctions dépendaient d'une mission internationale qui abordait le phénomène Xu sous l'angle de la viralité. Nous étions chargés de rédiger une monographie sur l'organisation des services de virologie délocalisés. Nous fûmes conduits dans une salle de réflexion où l'ensemble de la communauté intersidérale délibérait sur la nature des Xu. On ne savait pas d'où venait exactement ce peuple mais les travaux d'Harus indiquaient qu'il répondait à un signal précis. Sa matérialisation dans une faille de l'espace-temps pouvait signifier qu'ils étaient virtuels. Si on trouvait le véhicule de l'intelligence Xu, on pourrait certainement le détruire. Ce qui était certain, c'est qu'ils étaient apparus depuis un peu plus d'un siècle. Comment l'expliquer ? Venaient-ils d'un autre univers ou avaient-ils été créés par l'une des espèces de Laniakea ? Nous quittâmes la conférence assez tard avant de rejoindre les nôtres, des gens normaux avec une seule tête et deux jambes mais qui couchaient sur le plancher des grands halls tant on les considérait comme une sous-espèce.
La lumière rouge de Betelgeuse fascinait bien des créatures, dont les humains. Max et ses amis avaient fait trente-neuf heures de vol - en calcul terrestre - pour arriver à Betelgeuse au lieu des dix habituelles. Pour semer l'ennemi, le navire avait emprunté des trous de ver secrets, dispersés, ne conduisant pas directement à leur objectif. La guerre contre les Xu allait commencer.
- Les jours passent et je n'ai pas pu refaire mon pansement, se plaignit Max.
- Les infirmeries sont encombrées, confirma Kilian. Est-ce que ta plaie s'est infectée ?
- Non, ça a l'air d'aller.
La communauté intergalactique commençait à regretter son lot de morts qui avait été passé au désintégrateur et rendu à l'espace dans un dernier hommage.
- On entend une chose et son contraire au sujet de l'ennemi, souffla Artur à voix basse. Aux dernières nouvelles, les Xu auraient brûlé un vaisseau avant de se retirer aussi rapidement et mystérieusement qu'ils étaient apparus.
- Oui, confirma Kilian. Ils auraient encerclé le navire, mis le feu et canardé tous ceux qui tentaient d'en sortir.
- Ils se donnent du mal pour nous démoraliser, conclut Max.
C'est alors que le médecin chef qui dirigeait la compagnie des Luniens cria comme un putois, dans une langue incompréhensible. Le traducteur expliqua qu'ils devaient établir une ambulance dans un vaisseau allié qui venait d'être attaqué. Maria et Céline ne participaient pas aux manœuvres, postées aux urgences sur le Che'la, muni de canons. Nous devions apprendre plus tard que le vaisseau avait harponné accidentellement un cargo Wilis et que Maria et Céline y avaient opéré sans relâche des blessés, se faisant bientôt remarquer pour leur fait d'armes.
Sur le terrain, Max, Artur et Kilian avaient été rejoints par Jason, leur ami lunien. Leur garnison arriva à pas feutrés à bord du vaisseau allié incendié. Il s'agissait d'un vaisseau-village qui avait fui une planète attaquée par les Xu. Les blessés - dans les soutes, les couloirs, à tous les étages, dans tous les lits - les suppliaient de les emmener en premier. Une vision d'horreur. Les boyaux ramenant les blessés au vaisseau-mère étaient si encombrés que les brancards ne pouvaient plus avancer. Aussi, les humains furent-ils chargés des premiers soins sur place. Ils disposaient d'un médecin mobile capable d'opérer n'importe quelle espèce connue de l'univers. Après plusieurs heures d'intervention, suturant et recousant des plaies innommables, ils rentrèrent épuisés et se couchèrent à même le sol, chacun s'endormant où il put, malgré le froid. Vers une heure du matin, heure terrestre, Jason les réveilla.
- Debout ! dit-il doucement, en remuant le corps inerte de ses camarades endormis. L'alerte a été lancée, nous sommes cernés.
- Purée de satellite ! Sortez vos brassards, ordonna Max.
Ils accrochèrent à leur manche la petite étoile rouge qui les désignait comme médecins intergalactiques. Une première embarcation humaine s'élança dans l'obscurité de l'espace puis plus rien. Neuf heures plus tard, on annonça enfin le départ du second bataillon humain. Max et les siens embarquèrent alors dans une navette, puis en sortirent par un sas, crachant des tubes translucides dans lesquels ils avançaient comme des vers. Dès la sortie de la tranchée, ils furent sur le champ de bataille, sur la planète Enox. Le bracelet ne cessait de sonner. C'est alors que Max entendit crier son nom près de l'embouchure de trois artères. Il regarda ses amis, étonné. Personne ne manquait à l'appel. Il rampa, se pencha et ne reconnut pas le blessé tant il était blême.
- Léon ! finit-il par crier. Que fais-tu ici ?
- Comme toi, articula le jeune Lunien. Il y a eu ici une bataille énorme.
Léon crachait du sang. Max lui donna de l'alcool de Macis et de l'opium avant de le faire embarquer. Plus tard, il croisa de pauvres créatures qui allaient à contresens en rampant dans les conduits. L'une d'elles raconta qu'elle avait été accrochée à un canon Xu pendant les tirs et reçu des coups de lattes quand elle se plaignait. Le fait qu'ils aient relâché le prisonnier semblait indiquer que les Xu menaient une guerre psychologique. Alors que Max et son bataillon allaient chercher des blessés, des bombes Xu éclatèrent devant eux à quatre cents puis deux cents mètres. Hébétés à chaque coup, instinctivement, les Luniens rentraient le cou dans leurs épaules. Ils durent rebrousser chemin pour retourner dans les tuyaux de verre. Regardant en arrière, ils contemplèrent un spectacle horrible dont Max se souviendrait toute sa vie. Les humains parcouraient le terrain dans tous les sens, engoncés dans leur combinaison, ramassant comme ils pouvaient les corps de leurs frères intergalactiques. Quand il trouva le courage de ressortir, Max tenta lui aussi de sauver des blessés, quand il tomba sur un officier Xu qui avait pris une forme de pieuvre et suppliait de l'achever. Uniquement reconnaissable à son manteau, il avait l'équivalent d'un cervelet sorti du crâne. Max le glissa sur un brancard. Jason avait lui aussi recueilli un ennemi qu'il tentait de soigner.
- Ne bougez plus, je vais vous soigner.
Son assistant médical reconnut l'organisme dans lequel il s'était incarné. Jason s'approcha avec du matériel mais dut esquiver un coup mortel.
- Je suis blessé ! hurla-t-il. Max !
Ayant eu la faiblesse de laisser le Xu en vie, celui-ci le poignarda dans le ventre. Abandonnant son patient, Max se précipita vers son ami et tira sur le Xu qui l'avait agressé. Max fit à Jason une piqûre de morphine et le traîna jusqu'aux tranchées. Un tentacule enserra son corps et le tira avec mille précautions.
Alors que les humains s'organisaient ainsi pour sauver l'ensemble des survivants, ils virent arriver au loin des cavaliers Xu, en moto sifflante, qui bientôt les encerclèrent. Voyant le motif rouge épinglé sur leur combinaison, l'ennemi les épargna. Pour éviter le poteau, Max jeta à temps un manteau Xu qu'il avait barboté, tandis qu'Artur mâcha son carnet de croquis un peu trop compromettant. Il s'était amusé à ajouter des cornes aux Xu pour en faire de petits diables. Les chiens sanitaires furent rassemblés par l'ennemi et jugés sur place, de manière expéditive. Les Xu s'exprimaient parfaitement dans toutes les langues et le groupe humain comprit que l'officier les accusait de ramasser les blessés pour les tuer. La raison pour laquelle les Xu les avaient épargnés était qu'ils connaissaient la médecine. Car les Xu étaient incapables de soigner les corps qui les hébergeaient. Les infirmiers furent ainsi emmenés dans un vaisseau Xu, qui était en fait un vaisseau surien, et reçurent l'ordre d'y soigner les blessés. Les Xu étaient donc bien des êtres faits de chair et de sang. Max tenait là une occasion de les disséquer. Les Luniens firent de leur mieux. Sur le Xu dont le cervelet pendouillait, Max repéra un mécanisme nanotechnologique. Il n'avait jamais vu un tel dispositif mais pouvait affirmer qu'il n'était pas naturel.
Les soins achevés, après plusieurs heures de travail, Max, Artur et Kilian espéraient fébrilement qu'on les relâcherait. Après tout, ils n'étaient que l'espèce inférieure de Laniakea et les Xu ne semblaient guère s'intéresser à eux. Mais un médecin Xu demanda à les garder jusqu'à la fin de la campagne, comme le leur expliqua un garde, lui-même prisonnier. La journée suivante passa en marche et contremarche, ordre et contrordre des Xu. Mais les humains se renseignaient et commençaient à mieux comprendre l'organisation de ces êtres étranges. Il y avait un rythme dans leurs activités. Les Luniens constatèrent, en effet, qu'à certains moments l'image des Xu commençait à se troubler, comme dans une mauvaise transmission parcourue de parasites. Puis, le contact se perdait, laissant les prisonniers seuls, livrés à leur besogne. Celui qui les gardait expliqua que cela arrivait à une certaine fréquence. Restaient cependant les caméras et tout le dispositif de surveillance électronique interne au vaisseau qui fonctionnait parfaitement. Cette technologie n'était pas surienne, le garde avait vu les Xu l'installer à bord du vaisseau après l'abordage. Ils profitèrent de cette accalmie pour se reposer.
Après quelques heures de repos, on les réveilla en leur demandant de se tenir prêts. Du vaisseau Xu, qui était passé en mode furtif, les prisonniers pouvaient voir ce qui se passait à l'extérieur. Des hublots, ils aperçurent des camarades arriver par des boyaux, armes à la main, suivis de prisonniers Xu, reconnaissables à leur manteau. Un échange ! Le bataillon de prisonniers reprit espoir, on allait les libérer. Soudain, un tuyau se forma de façon automatique et la coque du navire se fissura, créant ainsi une sortie inattendue. Les Luniens se précipitèrent vers le chemin de leur liberté.
- Comment ça « disparu » ? demanda Ella.
- Tout bonnement disparu. Leur image s'est troublée, comme dans une mauvaise retransmission, puis... plus rien !
Ella regardait Max, manifestement surpris. C'était la première fois que des témoins oculaires rapportaient ce genre d'information.
- Tous en même temps ? insista Saura.
- C'est ça ! Il ne restait plus un seul Xu dans le vaisseau.
- Et ça a duré longtemps ? s'enquit un officier.
- Oui, plusieurs heures. C'est ce que nous ne comprenons pas. Pourquoi s'en aller tous en même temps, pourquoi ne pas procéder par roulement ?
- Ils auraient tous été rappelés par un supérieur, suggéra Benji.
- Possible, avoua Max peu convaincu. Mais des prisonniers ont affirmé que cela arrivait régulièrement.
- Quelle qu'en soit la cause, il pourrait s'agir d'une faille à exploiter, lança le président d'Enox. Leur vaisseau, à ce moment-là, reste sans surveillance ou presque.
Max terminait son témoignage devant l'image virtuelle des représentants de la communauté alliée, qui essayait d'élaborer des hypothèses explicatives pour le phénomène observé. Au sein de cette assemblée où nous siégions, Ferdinand et moi, les humains étaient considérés comme des rejetons de Laniakea que les aliens regardaient avec tendresse. Manifestement, l'homme n'était une menace pour personne. Les temps avaient bien changé.
Après la conférence, Max vint nous trouver. Il avait fait une découverte qu'il ne comptait pas livrer aux Suriens. Il avait eu l'occasion d'opérer le crâne d'un Xu et y avait trouvé rien de moins qu'un dispositif artificiel qu'il tenait dans sa main. Les Xu prenaient donc possession d'entités vivantes par biohacking. Les Luniens, qui s'étaient rangés derrière moi, avaient gardé cette info secrète. Ferdinand accueillit la nouvelle avec satisfaction. Cela se tenait. Ce qui voyageait, c'était la technologie et non les corps. Une fois l'implant téléporté d'une planète à une autre, celui-ci venait se greffer sur des espèces trouvées sur place. Il gratifia Max d'une accolade et d'un sourire entendu, n'ayant pas l'intention d'éventer cette histoire pour l'instant. L'idée me vint de profiter de la situation pour sermonner mon directeur, en lui faisant remarquer qu'il faisait des cachoteries à ses amis suriens. Mais je me retins, préférant le regarder d'un air goguenard lourd de sens. Il fronça les sourcils puis sourit.
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, finit-il par déclarer.
- Absolument, confirmai-je sèchement, alors que nous rejoignions l'équipe de recherche intergalactique.
Nous avions pour mission de trouver comment anéantir les Xu, en découvrant leur vraie nature. Et, sur ce point, Ferdinand et moi avancions à grands pas. La section de recherche comprenait des créatures cyclopéennes, tentaculaires et oursonnes. Un traducteur permettait une communication limpide, malgré quelques approximations. Une question s'imposait à tous : pourquoi les Xu disparaissaient-ils selon un cycle régulier ? D'après les observations de Max, ce cycle était très long et avoisinait une dizaine d'heures. Plusieurs hypothèses furent émises : peut-être que la disparition cyclique des Xu correspondait à une sorte de rechargement, tel le sommeil humain ? Ou alors, les Xu étant très disciplinés, ils obéissaient à l'ordre d'un état-major que nul n'avait pour l'instant pu observer. Enfin, si les Xu avaient bien une origine nanomatique, comme nous le suspections, un problème cyclique d'émission et de réception pouvait expliquer leur disparition. Ainsi, les Xu seraient connectés pendant dix à douze heures à un point inconnu de l'univers avant qu'une déconnexion survienne, d'origine géologique, géographique, dans tous les cas, physique. C'était cette piste que Ferdinand et moi voulions creuser. La première inconnue à entrer dans l'équation concernait le point d'émission des Xu. Quel point connu de l'univers aurait des raisons d'ordre astrophysique de se voir privé de connexion dix heures durant ? Il pouvait s'agir d'une planète passant devant une autre, bloquant alors toute possibilité de transmission. On introduisit aussi des variables. Nous savions que les Xu étaient apparus il y avait un peu moins de cent cinquante ans. Puis, ils avaient disparu pendant près d'un siècle avant de réapparaître récemment, il y avait près de quinze jours. Pourquoi ? Ferdinand observait la carte du monde connu de Laniakea, émerveillé par la technologie intergalactique. Il avait entré l'ensemble des données, attendant à présent le résultat des calculs. La machine devait proposer des lieux précis dans l'immensité de l'espace habité, susceptible d'héberger les Xu. Bientôt, plusieurs points colorés apparurent sur la carte, l'un plus foncé que les autres. Il y avait de fortes probabilités que les Xu soient originaires de cette planète. Je restai anéanti, puis, regardant autour de moi, perçus un frémissement dans la salle ainsi que le regard craintif de Ferdinand. Les créatures nous regardaient comme des bêtes étranges, avant qu'un vent de panique ne fasse rage. Tout se passa très vite, une alarme fut déclenchée, des soldats apparurent, Ferdinand et moi fumes faits prisonniers - encore ! - et jetés manu militari dans une geôle, au cœur du vaisseau-mère.